Publié le 18 février 2021 Par Frédéric Brebant

Scénographe mondialement connu, le Belge Luc Petit subit la crise sanitaire de plein fouet. Mais l’homme de spectacle garde espoir et se bat pour une reprise progressive de ses activités. Le coronavirus a momentanément brisé ses rêves d’enfant, mais l’homme n’a pas baissé les bras pour autant. Il observe, digère la pandémie et se prépare douce- ment à de meilleurs lendemains. Car le spectacle, c’est toute sa vie. A six ans déjà, Luc Petit s’était mis en tête d’organiser des shows ébouriffants. Et depuis, il n’a jamais dérogé à sa promesse d’émerveiller les gens.

Reconnu à l’international, le scénographe belge s’est aussi bien illustré dans la réalisation de grands opéras urbains ou patrimoniaux – Décrocher la Lune, Les Nocturnales, Les Féeries de Belœil, etc. – que dans des superproductions en espace fermé comme Peter Pan joué dans plusieurs pays ou Eight Immortals spécialement conçu pour un nouveau théâtre en Chine. Inauguré au printemps 2019, ce spectacle permanent – 18 millions de budget – était programmé sur 10 ans, mais là aussi, le coronavirus est venu jouer les trouble-fêtes. Les représentations chinoises ont été suspendues, tout comme les projets de Luc Petit en Belgique dont le réputé Noël des cathédrales sacrifié cet hiver.

“ J’ai 58 ans, je ne suis pas à la rue et je peux envisager de ne pas me payer pendant un certain temps, con_e le scénographe. Mais autour de moi, j’ai plus de 2.000 personnes qui travaillent habituellement sur mes spectacles. Et là, tout est l’arrêt. Paradoxalement, je ne me suis jamais autant battu pour faire bouger les choses et contribuer à relancer le secteur. On se serre les coudes, on se parle plus qu’avant avec les directeurs de théâtre et on interpelle le monde politique en espérant que ça bouge enfin. ”

Reprise en douceur

Concernant la reprise de ses activités, Luc Petit n’en reste pas moins inquiet et pessimiste. Le metteur en scène ne voit pas un retour à la normale avant 2022, voire 2023 pour les toutes grandes manifestations censées drainer les foules. Cette reprise, il la devine donc progressive, à l’instar de ce qu’il a déjà pu mettre en place l’été der- nier, entre les deux con_nements, avec son spectacle Tournai d’été conçu pour 200 personnes dans le respect des règles sanitaires.

C’est dans cette fenêtre de tir créatif que Luc Petit entrevoit aujourd’hui son lent retour à la vie professionnelle. Il espère que, cet été, les autorités politiques marqueront leur accord pour l’organisation d’événements en extérieur pour 400 personnes, histoire de dupliquer son expérience Tournai d’été dans d’autres villes comme Mons, Binche, Arlon et Bastogne. Ce serait, à ses yeux, une façon de réamorcer la pompe de cette féérie qui lui manque tant aujourd’hui.

“ Il est vrai que, moralement, c’est assez compliqué, conclut Luc Petit. Aujourd’hui, le monde artistique se sent abandonné et tout le secteur est fatigué de cette non-perspective de reprise. Cela joue bien sûr sur notre moteur qui est la création, mais nous devons malgré tout rester dans la volonté de continuer à développer des projets. Pour tenir et, surtout, continuer à faire rêver. ”

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